Ce matin, mon fils aîné m’a laissée dormir.
Il est descendu préparer seul son petit déjeuner. Une première fois.
Un début. Donc une fin.
Depuis une heure déjà, sur mon oreiller, dans le silence des volets tirés, je n’arrivais pas à arrêter les larmes qui m’avaient réveillée. Sans raison apparente.
Après avoir déposé la cadette à l’école de musique, comme tous les mercredi, je vais courir. Une habitude à retrouver après tout ce temps à ne pas avoir le temps de prendre soin de moi.
Prendre le temps sans chercher à rattraper celui qui est passé et que je refuse de croire perdu.
Je cours.
La piste rouge du stade.
Les couloirs dessinés à la peinture blanche.
Et au bout, tout Paris sous mes yeux.
En sortant d’un virage, j’aperçois les élèves de mon ancien club de boxe.
Le coach me salue : on va te revoir bientôt ?
Je souris. Et j’élude.
Puis je retourne courir.
Mes poings serrés, mes mâchoires crispées, mes pantalons treillis, mon regard tremblant, ma poitrine serrée à en étouffer… Ma vie d’avant.Tout ça c’est fini.
J’ai reposé mes gants.
Je ne veux plus de combat.
Aujourd’hui, je cours, je pleure, je respire.
Et j’irai plonger dans l’océan.
J’aborde un nouveau virage.
J’ouvre les bras.
Le soleil dans les yeux.
Je souris.
Et j’accueille ma vie.
Enfin.
Une fin.
Donc un début.
Monica Rattazzi