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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 22:43

 

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Hier soir, je m’installe, impatiente, sur le canapé, devant le match France/Bosnie.
Le présentateur commence : « … l’équipe bosnienne, dans le grand stade de
Sarajevo »…
 
SARAJEVO
 
Comme un détonateur.
C’était il y a longtemps.
Les Serbes. Les Bosniaques. Les Croates. Les Serbo-Croates. Les Musulmans. Les
Chrétiens.
Il y avait des bons, des méchants. 
Mais personne ne savait vraiment qui. Ni où…
Mon ami d’enfance yougoslave obligé de choisir un camp… et qui avait renoncé.
 
Sarajevo. L’année de mon accident. Le Théâtre du Soleil. Ariane Mnouchkine.
Comédienne. Une autre vie.
Une grande tente dressée devant le théâtre pour aider ceux qui – là-bas -  ne
voulaient pas choisir de camp.
Tous les soirs, à 17 heures 15 exactement, une liaison ouverte avec nos collègues
planqués dans un théâtre de Sarajevo.
Retransmise sur des hauts-parleurs sous la grande tente.


Rituel intense et inquiétant.
Silencieux pour ne pas perdre un mot qui venaient d’eux.
Ces mots qu’ils avaient tellement besoin de nous dire.


Troublantes ces voix d’inconnus qui nous devenaient chaque jour plus familiers.
Inquiétants ces bruits de guerre qui les recouvraient parfois.
Angoissant le silence quand ils ne répondaient pas au rendez-vous…
 
Une guerre, comme toutes les autres, faites pour rappeler aux hommes leur
inutilité…
 
Sarajevo…
 
Presque 20 ans ont passé.
Hier soir, une vingtaine de bonshommes concentrés, courraient après un ballon pour
le mettre dans une grand cage.
Un match de sélection pour l’Euro.
Un enjeu énorme pour la France qui retrouvait son équipe.
 
Autour, sur le terrain, il n’y a plus de trace.
Mais aujourd’hui, on parle des Bosniens, et des Bosniaques. La différence entre les
deux ? Les uns sont chrétiens, les autres musulmans…
Le temps a effacé les frontières, mais n’a rien changé.
 
Je regarde mes jambes nues.
Plus de trace non plus de ces longs mois passés à marcher avec deux béquilles.
A part un genou resté fragile.
Et ma vie qui a dû changer. 
 
Et là, sur mes jambes, contre mon ventre, ma fille s’est assoupie.
Son frère lui caresse les cheveux : tu as vu ? Elle s’est endormie la puce…
Un geste d’une tendresse infinie.
 
Si seulement ma tendresse pouvait les protéger de cette folie humaine…
Et les mettre à l’abri du temps qui efface tout mais ne change rien.
 
 
 Monica Rattazzi
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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