Allongée dans le bateau gonflable des enfants.
La nuque sur le rebord souple.
Les pieds dans l’eau fraîche.
Midi.
Le soleil pile au-dessus de moi.
Les yeux mi-clos.
Poussée par un souffle de septembre qui se faufile sous les rayons de cette fin
d’août.
Je navigue à la surface tranquille de l’eau qui clapote à peine.
Le ciel s’y reflète.
Tout est bleu, transparent et paisible.
Midi.
Une odeur de poivrons grillés monte doucement.
Mélangée selon les caprices du vent à des effluves de poulet rôti.
Les cliquetis des couverts que l’on pose sur les tables.
Je laisse la faim m’envahir tranquillement.
Le vent me fait passer de l’ombre au soleil.
Loin des inquiétudes de la rentrée.
Avec calme.
Sans impatience.
En pleine conscience.
La fenêtre s’ouvre : A table dans cinq minutes !
Juste le temps d’un plongeon.
Puis d’aller savourer ce repas qui attend.
Avant la sieste…
Dolce vita…
Fin d’après midi, je descends en ville avec ma fille.
A la radio, Patrick Bruel :
« on s’était dix rendez-vous dans dix ans.
Même lieu, même heure, mêmes pommes.
On verra quand on aura trente ans,
Sur les marches de la place des Grands Hommes… »
Elle fredonne.
Et je me dis que lorsqu’elle aura trente ans, j’en aurai soixante six.
66.
Un chiffre symétrique. Miroir.
La chanson s’arrête.
Mon émotion poursuit dans le silence.
Que ma fille brise soudain.
A l’arrière, je l’entends qui compte :
12, 13, 14, 15, 16, 17.
Maman, dans dix ans, j’aurai 17 ans !
Alors ça va. On a le temps…
Oui. Je lui souhaite tout le temps du monde.
Et que la vie lui soit douce.
Dolce vita !
